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vincent lindon - Page 4

  • « Pour elle » de Fred Cavayé : pour lui…

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    Je vous en parlais à l’occasion de mon bilan de l’année cinéma 2008 : cette année a aussi été celle de l’émergence d’un cinéma français décomplexé qui s’est aventuré sur les terres considérées, à tort, comme celles, conquises et inaccessibles, des Américains. Avant « Largo Winch » de Jérôme Salle (Sortie en salles : le 17 décembre) et « Secret Défense » de Philippe Haïm (sortie en salles : le 10 décembre), cette semaine, c’est d’abord « Pour elle » de Fred Cavayé qui s’est inscrit dans cette dynamique.

    Lisa (Diane Krüger) et Julien (Vincent Lindon) forment un couple heureux et amoureux, avec leur fils Oscar. Un matin, brusquement, leur vie bascule dans l’absurdité et l’horreur lorsque la police débarque chez eux pour arrêter Lisa, accusée de meurtre puis condamnée à vingt ans de prison. Julien, professeur et fils mal aimé de son état, va alors être prêt à tout pour  la faire évader.

     Jusqu’où iriez-vous par amour ? Jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour elle ? Loin. Très loin. Au-delà des frontières. De la raison. De la légalité. Du Bien et du Mal. Plutôt que de s’appesantir sur leur vie d’avant, Frec Cavayé (d’après une idée originale du scénariste Guillaume Lemans) choisit de nous montrer deux scènes assez courtes qui suffisent pour camper un couple amoureux comme au premier jour et une Lisa, lumineuse, deux scènes qui suffisent à expliquer le tourbillon infernal dans lequel va ensuite tomber Julien.

    Si on se demande un temps pourquoi Julien ne met pas toute cette énergie à essayer de trouver la véritable coupable (Lisa serait emprisonnée à tort) plutôt qu’à la faire évader, la force du montage et la force de l’interprétation parviennent à nous le faire oublier. Voir Lisa enfermée, se laissée dépérir, s’assombrir est pour Julien insupportable. Sa rage, son sentiment d’injustice et surtout son amour pour Lisa vont transformer le tranquille professeur en criminel, vont conduire à le faire basculer dans un univers a priori très éloigné du sien, dans une violence incontrôlable.

     La caméra au plus près des visages, nous enferme avec Julien dans sa folie (on ne voit d’ailleurs presque rien de sa vie étrangère à son plan d’évasion, il n’est montré qu’une seule fois dans sa salle de classe, cette –ir-réalité n’existe plus pour lui) ou avec Lisa dans sa prison, nous faisant occulter les invraisemblances du scénario et des moyens pour nous concentrer sur la force et la vraisemblance des motivations. Et pour que nous y croyions il fallait un acteur de la dimension de Vincent Lindon.  Vincent Lindon et qui d’autre ? Je ne vois pas. Je ne vois pas tellement le mélange de force et de fragilité, de détermination et de folie qu’il dégage pour ce rôle, qui occupe, consume, magnétise l’écran et notre attention, tellement le personnage qu’il incarne, à qui il donne corps (sa démarche, son dos parfois voûté ou au contraire droit menaçant, ses regards évasifs ou fous mais suffisamment nuancés dans l’un et l’autre cas ) et vie semblent ne pouvoir appartenir à aucun autre. Je ne vois pas qui d’autre aurait pu rendre crédible ce personnage et continuer à nous le rendre sympathique, du moins excusable, malgré tout.

    L’intrigue va à l’essentiel : la détermination furieuse, parfois aveugle, de Julien (à l’image de la surdité de la justice vis-à-vis de Lisa). Le scénario est épuré comme les murs d’une prison. Ce qui ne veut pas dire que le style est dénué d’émotion. Au contraire. Il la suscite sans la forcer. En nous montrant cet homme seul, fragilisé, aux forces décuplées. En nous montrant cet homme lui aussi dans une prison, celle de la caméra, celle de sa folie amoureuse (pléonasme ou antithèse : à vous de voir), celle de son incommunicabilité de sa douleur (avec son père, Olivier Perrier, parfait dans la retenue et la froideur). La relation paternelle est aussi au centre de l’histoire. Ce sont aussi deux pères qui vont très loin par amour. A leur manière.

    La musique, irréprochable ( de Klaus Badelt, qui a notamment travaillé avec Terrence Malick et Micheal Mann) ajoute ce qu’il faut quand il faut pour accroître la tension, déjà palpable.

    Au final, un thriller sentimental que la force de l’interprétation, magistrale, de son acteur principal (« Pour elle » vaut donc le déplacement, ne serait-ce que pour lui à qui le film doit de captiver, capturer notre attention et empathie), la vigueur, le rythme et l’intelligence du montage rendent haletant, nous faisant oublier les invraisemblances du scénario, croire et excuser toutes les folies auxquelles son amour (le, les) conduit.  Un premier long particulièrement prometteur…

     Sandra.M

  • Palmarès des César 2007

    medium_chatterley.jpgAprès l’atmosphère pesante de l’an passé (voir mon récit  ici) cette 32ème cérémonie des César fut plus rythmée et festive malgré les revendications interminables de Pascale Ferran en recevant son premier César, qui a néanmoins souligné, à juste titre, (reconnaissons à Pascale ce qui fut à César)  à quel point le mot culture était malheureusement occulté des programmes et des débats présidentiels. (A bons entendeurs…) "La fête, c’est maintenant" comme l’a dit avec tellement de conviction et d’enthousiasme (hum) Pascale Ferran puisqu’elle en avait été privée en fin de tournage, faute de moyens.

    Lady Chatterley et  Ne le dis à personne sont donc les grands vainqueurs de cette soirée, respectivement avec 5 et 4 César. Malgré ses 9 nominations (et étrangement aucune pour ses acteurs qui –parce qu’ils ?- avaient obtenu le prix d’interprétation collectif au dernier festival de Cannes), Indigènes n’a eu « que » le César du meilleur scénario original, mais peut-être seront-ils plus chanceux aux Oscars où le film est nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger (cette fois medium_indigenes.2.JPGsous les couleurs de l’Algérie).

    Le poignant Je vais bien ne t’en fais pas a été récompensé  par le biais de ses acteurs, il est vrai remarquables,  Kad Merad (meilleur second rôle) et Mélanie Laurent (meilleure actrice).

     On regrettera que Je vous trouve très beau ait obtenu le César du meilleur premier film face à  Mauvaise foi, et que Quand j'étais chanteur ne reparte qu'avec le César du meilleur son malgré ses 7 nominations. Little miss sunshine (déjà lauréat du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2006, succès inattendu aux box-office américain et 5 fois nommé aux Oscars) continue son formidable parcours en obtenant le César du meilleur film étranger. Nous ne savons pas si Pedro Almodovar, présent, a été aussi déçu qu’à Cannes où ses actrices avaient pourtant obtenu un prix d’interprétation collectif.

    medium_photosordi_1451.JPG On peut s’interroger sur les 5 César de « Lady Chatterley », les votants ayant certainement voulu davantage récompenser un système de production (je sais à quel point, également producteur du sublime Ca brûle de Claire Simon, Gilles Sandoz s’y est investi, avec passion et obstination, et rien que pour cela finalement probablement ces César étaient-ils mérités) qu’un film qui, malgré ses qualités certaines, de jeu, de photographie, souffre de longueurs et d’un montage approximatif (ceci expliquant peut-être cela...)

    Resteront de ces César : l’enthousiasme communicatif de Guillaume Canet, Kad Merad et François Cluzet, l’émotion de Mélanie Laurent, l’humour décalé et l’énergie de Valérie Lemercier, pétillant(e)  Rabbi Jacob d’un soir,  quelques sourires figés et faussement fair-play, le charisme de Jude Law, le trac attendrissant de Vincent Lindon,le discours balbutiant de Claude Brasseur à la voix de Pierre, l’émotion du « clan Oury » dont une Michèle Morgan sublimement fragile et émue, et l’ombre lumineuse de Philippe Noiret.  Et puis l’envie de courir dans les salles obscures.  medium_photosordi_1500.2.JPGEvidemment…

    PALMARES DES CESAR 2007

    César du meilleur acteur :   François Cluzet pour  Ne le dis à personne

    César de la meilleure actrice   : Marina Hands pour  Lady Chatterley

    César du meilleur acteur dans un second rôle   : Kad Merad pour  Je vais bien, ne t'en fais pas

    César de la meilleure actrice dans un second rôle :  Valérie Lemercier pour  Fauteuils d'orchestre

    César du meilleur espoir masculin :  Malik Zidi pour  Les amitiés maléfiques

    César du meilleur espoir féminin :   Mélanie Laurent pour  Je vais bien, ne t'en fais pas

    César du meilleur réalisateur : Guillaume Canet  pour Ne le dis à personne

    César du meilleur film français   : Lady Chatterley  de Pascale Ferran

    César du meilleur premier film   : Je vous trouve très beau de Isabelle Mergault

    César du meilleur film documentaire : Dans la peau de Jacques Chirac de  Karl Zéro et  Michel Royer

    César du meilleur scénario original   : Olivier Lorelle et Rachid Bouchareb pour  Indigènes

    César de la meilleure adaptation   : Pascale Ferran et Roger Bohbot et Pierre Trividic pour  Lady Chatterley

    César de la meilleure musique écrite pour un film  : M (Mathieu Chedid) pour  Ne le dis à personne

    César du meilleur court-métrage   : Fais de beaux rêves de  Marilyne Canto

    César de la meilleure photo : Julien Hirsch pour  Lady Chatterley

    César des meilleurs décors  :  Maamar Ech Cheikh pour  OSS 117 pour Le Caire nid d'espions

    César du meilleur son : François Musy et Gabriel Hafner pour  Quand j'étais chanteur

    César du meilleur montage   :  Hervé de Luze pour  Ne le dis à personne

    César des meilleurs costumes : Marie-Claude Altot pour  Lady Chatterley

    César du meilleur film étranger   : Little Miss Sunshine de  Jonathan Dayton et  Valerie Faris

    César d’honneur : Jude Law et Marlène Jobert

    Sandra.M

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